Par Paulette Mugisha
Depuis la nuit des temps, la poterie est l’activité de la femme Mutwa du Burundi. Sans terre pour cultiver, c’est elle qui garantit la survie de sa famille. Malheureusement, cette activité tend à disparaître du fait de la modernisation des ustensiles culinaires
Pour beaucoup de Burundais, l’utilisation des vases, des marmites, des pots et d’autres objets en argile « inkono » n’est plus d’actualité. Cela affecte sans doute la vie quotidienne de la famille Batwa qui dépendait essentiellement de la poterie .
Selon le cadre de planification des peuples autochtones ( Batwa ) p.19, les Batwa représentent 1% de l’ensemble de la population burundaise. Caractérisés par la pauvreté, la plupart d’entre eux n’ont pas de terres à cultiver et ils sont souvent marginalisés par la communauté. Cette réalité les pousse à vivre reculés, livrés à eux-mêmes n’ayant la poterie qu’à leur portée.
Thérèse Mudeyi une femme Mutwa de la colline Buye commune Mwumba nous raconte combien ce métier est très important car elle peut avoir de quoi manger et elle peut acheter du matériel scolaire pour ses enfants.
Cependant, elle déplore les conditions terribles dans lesquelles l’argile dont elle se sert est obtenue : « Pour arriver à l’endroit où se trouve l’argile, il me faut au moins 3 heures de marche. C’est à Nyamurenza dans une autre commune. A ce temps, il faut ajouter au moins 1 heure pour extraire cette argile du sol .Il me faut au moins 8 heures dans le mouvement aller& retour. Lorsque je pars à la collecte de l’argile, je sacrifie toute une journée sans oublier le temps que cela me prend pour le mélanger avec du gravier afin que le pot soit solide»
La vente est aussi pénible,…
Après ce dur travail, Mudeyi fait remarquer qu’elle ne peut pas vendre ses produits comme elle le souhaite parce que beaucoup de gens ne souscrivent plus, selon elle, à leur achat.
« La réalité est que les vases « inkono » ne sont plus utilisés dans les ménages comme auparavant et cela affecte notre travail parce qu’on n’arrive pas à les écouler facilement et cela plonge notre métier dans la tendance à disparaître », s’indigne Mudeyi.
Malgré ces défis qu’elle rencontre, elle dit qu’elle n’est pas prête à abandonner ce métier et lance un appel à toute personne pouvant prêter main forte à la famille Batwa pour former des coopératives afin de faire valoir leur travail et que leur voix puisse arriver aussi loin.
Mpawenimana Gloriose, elle aussi de la commune Mwumba, exerçant ce métier affirme qu’elle ne pourra jamais abandonner le métier de ses ancêtres, par contre, elle va encadrer ses filles pour s’y lancer avec joie .
« Nous n’avons pas de champs à cultiver comme les autres et ce métier reste la seule source de revenu pour avoir à manger et des habits lorsqu’on n’est pas parti cultiver pour les autres », révèle Gloriose Mpawenimana.
Cette dernière estime qu’on ne peut pas négliger les efforts consentis par le gouvernement pour encourager la femme burundaise en ce qui est de son autonomisation afin qu’elle ne soit pas toujours dépendante de son mari dans la gestion de la famille mais il reste des pas à franchir. Elle salue, cependant, la figure emblématique des Batwa au sein du gouvernement burundais :« Sous le gouvernement de Son excellence le Président de la République Evariste Ndayishimiye nous avons la ministre de la solidarité une femme ‘’Mutwa’’ Imelde Sabushimike. Cela n’était jamais arrivé dans mon pays ». Sourire plein d’espoir, Mpawenimana jubile en hochant la tête.
Cette haute personnalité gouvernementale de la famille Batwa évoquée par l’infatigable Mpawenimana , Imelde Sabushimike , peint la poterie jusqu’à convaincre que la marmite est un ustensile idéal pour préparer de la nourriture qui offre un bon goût.
Vous saurez que toutes les femmes Batwa rencontrées au cours de notre reportage estiment qu’un soutien matériel et financier est nécessaire pour les encadrer afin de s’adapter aux réalités sociales mais aussi pour garantir du bénéfice en provenance de la poterie.