Par Jean-Bosco Ntaconayigize
Avec une population estimée à 12 millions d’habitants et une superficie de 27 834km², une densité de 400habitants au km² et un taux de croissance annuel de 3,7%, le Burundi est confronté à une pression démographique sans précédent qui risque de compromettre la cohésion et la paix sociales. Face à ce défi démographique, le gouvernement burundais et ses partenaires techniques et financiers s’activent pour éviter que la situation n’explose. C’est dans ce contexte que la Coopération Suisse au Burundi vient de démarrer avec le mois de mai 2021, dans les provinces de Kayanza et Ngozi, un projet pilote « Prévention et Résolution des Conflits », P.R.C.F.en sigle.
Serges Nibitanga , Directeur Gérant de LADEC, un cabinet engagé dans le foncier et le développement, indique que son entreprise est chargé de l’exécution du projet « Prévention et Résolution des conflits fonciers » qui sera exécuté dans cinq communes des provinces Kayanza et Ngozi . Il précise que ce projet a été initié pour faire face au phénomène de conflictualité foncière dû notamment à l’explosion démographique et qui entraîne une forte pression foncière.
« Dans un contexte où la grande majorité de la population burundaise vit de l’agriculture de subsistance ; dans un pays qui connaît en moyenne une densité de 400 habitants au km² et un taux de croissance annuel de 3,7%, on assiste à l’émiettement des terres », précise Nibitanga. « Les études menés ont montré que la plupart de ces conflits résident dans le partage de la succession », ajoute-t-il. Il rappelle également que ces conflits déchirent les familles et que par voie de conséquence, la cohésion et la paix sociales se retrouvent sérieusement compromises.
Le Directeur Gérant de LADEC informe également que le projet est né de l’expérience issue de la mise en œuvre du projet « Appui à l’implantation des services fonciers communaux » exécuté par la Coopération Suisse au Burundi dans six communes de la province Ngozi. La zone d’action de ce projet pilote est constituée de trois communes de la province Ngozi ( Ngozi, Ruhororo et Tangara) ainsi que deux de la province Kayanza( Gatara et Matongo).
Quant aux critères qui ont dicté ce choix, ce responsable précise que les trois communes de la province Ngozi faisaient partie de l’ancien projet. « Il a été remarqué qu’une catégorie des conflits fonciers échappait à la médiation assurée par les commissions de reconnaissance collinaires » a-t-il laissé entendre. En province Kayanza, le double choix a été inspiré par le contexte démographique. « Gatara et Matongo figurent parmi les communes les plus peuplées du pays », a souligné Nibitanga.
Ce décideur de LADEC soutient que le projet va contribuer à la cohésion sociale par la prévention des conflits fonciers au niveau local. Selon lui, un accent particulier sera mis sur le renforcement des capacités des mécanismes locaux de gestion des conflits fonciers, particulièrement les membres du conseil collinaire des notables pour qu’ils soient en mesure de gérer ce conflits. D’autres partenaires sont concernés par le projet PRCF selon toujours Nibitanga, citant entre autre : le gouvernement, ses structures et certaines de ses institutions, des acteurs privés et la société civile.
Du côté de l’administration provinciale, Emmanuel Ntaconsanze, chef de cabinet du Gouverneur de la province Ngozi se dit ravi par le lancement de ce projet. Il rappelle que la Coopération Suisse a déjà financé d’autres projets à la satisfaction des bénéficiaires et de l’administration.
Cette autorité administrative reconnaît également que la question des terres au Burundi en général et dans la province Ngozi en particulier est sensible. « Qu’il y ait des partenaires qui investissent dans ce secteur est une bonne chose », s’est-il félicité. Emmanuel Ntaconsanze a ensuite plaidé pour que ce projet touche le maximum possible de la population de cette province et a invité l’administration communale et les autres partenaires à porter la pierre à l’édifice pour la prévention et la résolution des conflits fonciers dans leurs localités.