Par Jean-Bosco Ntaconayigize
L’Université du Burundi en collaboration avec l’Association Zirikana-UB 95 a procédé, vendredi le 11 juin 2021, à la commémoration du 26ème anniversaire des massacres des étudiants Hutu perpétrés dans les campus universitaires dans la nuit du 11au 12juin 1995 à Bujumbura et en 1996 au campus universitaire de Zege en province Gitega. La commémoration a débuté par des témoignages des rescapés dans l’amphithéâtre no 10 de la Faculté des Sciences Economiques et de Gestion au campus Mutanga, suivis par une messe commémorative et des discours de circonstance.
C’est dans l’amphithéâtre no 10 de la Faculté des Sciences Economiques et de Gestion au campus universitaire de Mutanga, où ont eu lieu les témoignages des rescapés des massacres de la nuit du 11 au 12 juin 1995.
Dans leurs témoignages, les intervenants ont montré le rôle joué par les représentants des étudiants d’alors, les autorités universitaires ainsi que les agents de l’ordre. Le président de l’association Zirikana-UB 95, une organisation qui regroupe les rescapés de ces massacres, a montré que des slogans incitant à la haine envers les Hutu étaient relayés dans le campus Mutanga bien avant le carnage.
« Malgré de vives tensions qui étaient palpables et de multiples appels au secours des étudiants en danger, aucune action n’a été menée. Au contraire, des approvisionnements en armes et munitions de même que des entraînements paramilitaires se sont intensifiés », a témoigné Joseph Nkurunziza.
Quant à Paul Banderembako, secrétaire général à Université du Burundi, il a montré que les massacres des étudiants Hutu de 1995 au campus universitaire de Mutanga étaient l’aboutissement d’un plan préparé longtemps avant avec l’implication active de l’armée et des groupes extrémistes connus sous le nom de « sans échecs » des quartiers avoisinants. Tous les intervenants ont précisé que leurs témoignages n’avaient pas pour objectif de raviver un esprit revanchard, mais plutôt d’aider à connaître la vérité afin de construire une société réconciliée.
Au cours de la messe en mémoire aux victimes célébrée au campus Mutanga, Abbé Nicodème Dushimirimana du diocèse de Bubanza s’est basé sur la parole de Dieu tirée de l’Evangile selon Luc 15 :11-32 et a exhorté l’assemblée à l’amour et au pardon. Ce serviteur de Dieu a rappelé que les théories qui divisent les hommes n’émanent pas de Lui car Dieu a créé l’homme en son image. « Ne fais pas à ton prochain ce que tu ne voudrais pas qu’on fasse pour toi », a conclu ce prélat.
Le secrétaire permanent au ministère de l’éducation et de la recherche scientifique, dans son discours de circonstance, s’est réjoui que cette commémoration avait rassemblé des participants de toutes les classes sociales : un signe, selon Frédéric Bangirinama , qu’une étape a été franchie dans la consolidation de la paix à l’Université du Burundi.
Il a en outre remercié les membres de l’association Zirikana-UB 95 et l’Université du Burundi pour leur contribution dans la recherche de la vérité, avant de rappeler que le gouvernement a inscrit à l’agenda de ses priorités la recherche de la paix durable pour tous les Burundais.
Le secrétaire permanent au ministère de l’éducation et de la recherche scientifique a demandé aux étudiants de s’atteler au travail, d’aimer leur pays en priorisant avant tout l’amour du travail.
Quant aux familles des victimes, elles ont été invitées à ne pas céder au désespoir car « malgré cet évènement tragique qui a déchiré la société estudiantine et le désespoir qui s’est abattu sur les familles qui ont perdu les leurs, l’espoir des lendemains meilleurs est perceptible », a conclu cette autorité.
Les cérémonies se sont clôturées par une procession vers le monument, construit au campus Mutanga, en mémoire des victimes où des gerbes de fleurs ont été déposées.