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Polygamie : une pratique qui persiste dans les communes Murwi et Buganda

Par Jean-Bosco Ntaconayigize

La famille polygame est cette forme de famille où une personne a contracté le mariage avec plusieurs conjoints(es). Elle est connue sous deux formes : la polyandrie quand c’est une femme qui a plusieurs hommes comme maris et la polygamie quand c’est l’homme qui a plusieurs femmes comme épouses. Cette dernière est  la plus ancienne dans beaucoup de sociétés africaines, y compris le Burundi où cette pratique est interdite  depuis la promulgation du Code des Personnes et de la Famille en 1980. La loi burundaise mentionne qu’un homme qui a plus d’une femme est puni d’une servitude pénale allant de six mois à deux ans, alors que celui qui entretient un concubin est puni d’une amande.  Cependant, cette pratique est toujours présente dans certaines localités du Burundi, telles les communes de Murwi et Buganda, toutes de la province Cibitoke selon les témoignages des habitants et de l’administration.

Des femmes de la commune Murwi, à l’Ouest du Burundi, qui se sont confiées à la Radio Buntu n’y vont pas par quatre chemins : « La polygamie est en vogue dans la plaine de la Rusizi, mais tend à diminuer dans les communes qui n’ont pas de prolongement vers la plaine », affirme Emelyne Nteziman a rencontrée au chef-lieu de cette commune. Cette  trentenaire précise que dans les communes voisines comme Rugombo et Buganda, la polygamie est une pratique courante.

 Elle ne nie pas que cette pratique s’observe dans sa commune, mais informe que l’ampleur y est moindre.  L’avis est partagé avec  Martine Ntunzwenimana de la colline Murwi. Cette mère de deux enfants indique que l’administration communale s’est mobilisée pour réprimer ce délit. « Une fois attrapé, le polygame est conduit à la commune où il est brièvement incarcéré avant de payer une amande. La femme, elle, est chassée »,précise-t-elle.

Martine se désole,  cependant, que cette lutte se heurte à certains obstacles : « Certains hommes, pour échapper à la vigilance des autorités, prennent d’autres femmes et vont s’installer dans d’autres communes comme Rugombo et Buganda. Là on ne peut plus les poursuivre car ce n’est pas dans notre commune », déplore cette femme. « Et peu après on apprend que ce couple illégal s’y est multiplié », ajoute-t-elle.

 Certaines autorités collinaires sont également pointées du doigt dans la complicité à cette pratique : « Certains élus collinaires s’érigent en complices des polygames et la situation devient compliquée », se lamente Francine  Nibigira, tailleur au marché de Murwi.  « Tant que la loi n’est pas appliquée, ça laissera la porte ouverte à la propagation de cette mauvaise pratique et les préjudices qu’elle entraîne », avertit-elle.

La polygamie, une pratique aux conséquences désastreuses.

«  La vie dans des familles polygames nourrit beaucoup de problèmes », explique Martine Ntunzwenimana, avant d’ajouter : « La filiation dans le contexte polygame est dispersée et la vie affective entre les membres des différents ménages est menacée de distorsion, la famille polygame est une structure où le dialogue est constamment perturbé. On y observe également de la jalousie, de la compétition, des rivalités, de l’égoïsme et des règlements de compte directs ou par personnes interposées ».  A Emelyne d’ajouter : « La rivalité entre les coépouses jaillit inévitablement sur leurs progénitures. Du coup, la distinction entre frères de même lit et demi-frère voit le jour ; ce qui empêche les membres d’une même famille de tisser entre eux des relations solides et stables ».

Selon toujours ces femmes de Murwi, les polygames peinent à satisfaire les besoins de leurs épouses et de leurs enfants ; ce qui affecte le bonheur affectif et matériel de la famille. «  Un homme peut rarement subvenir aux multiples  besoins incluant beaucoup d’enfants », se désole Francine. Et lorsque le polygame meurt ce sont de véritables conflits de succession qui naissent et qui déchirent tout ce qui restait comme liens familiaux, concluent ces femmes de Murwi.

La polygamie, une préoccupation de l’autorité communale de Buganda.

L’administrateur communal de Buganda reconnaît lui aussi que la polygamie se pratique dans sa commune et qu’elle est  source d’insécurité, source de conflits fonciers et de succession, source de crimes fratricides. Pamphile Hakizimana informe que ce problème est inscrit à l’agenda des priorités de la commune.  «  Nous avons entamé des campagnes de sensibilisation de la communauté sur les torts que la polygamie cause aux enfants, aux femmes et au pays en général », déclare cette autorité communale. La meme autorité communale précise que sa commune est la convergence des polygames venus d’autres localités du Burundi : « Certains hommes quittent les provinces comme Karusi, Kayanza, Kirundo, Muyinga, Cankuzo ou Ngozi avec des femmes qui ne sont pas les leurs et viennent s’installer dans notre commune », renseigne-t-il.

 Cette situation est d’autant plus complexe qu’il est difficile de savoir si les nouveaux couples sont légaux ou pas. Et pour faire face à ce phénomène qui ne faiblit pas, Pamphile Hakizimana  précise que tout nouvel homme qui vient s’établir en commune Buganda doit présenter une attestation d’état-civil.  « Nous envisageons également de mettre en place des comités sur toutes les collines qui seront chargées de traquer les polygames », ajoute-t-il.

Quant au sort réservé aux inciviques qui tombent dans les mailles du filet de l’administration, cette autorité indique que la femme illégale est chassée de la maison tandis que le polygame est brièvement interpellé, puis écope d’une amande administrative.  « La répression de ce crime va se poursuivre. Malgré  les avancées déjà enregistrées, nous avons toujours besoin de rigueur de la part de tous les acteurs qui se traduira, si cela s’impose, par la mise en place des mesures supplémentaires », conclut Pamphile Hakizimana.

Gaspard Maheburwa

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