Par Jean-Nepomscène Irambona
Au Burundi, les personnes vivant avec handicap physique se voient stigmatisés et discriminés au sein de la communauté. Déconsidérés également sur le marché du travail, les gens de cette catégorie essaient de survivre dans des conditions précaires. Une partie opte néanmoins pour la mendicité qui se fait souvent dans les centres urbains mais une autre partie se livre aux activités génératrices de revenus comme nous allons le découvrir dans cet article.
A travers des séances de sensibilisation menées depuis un certain temps à l’endroit de différents acteurs, certains ont changé d’attitude. Des handicapés s’adonnent à la création des activités génératrices de revenus. Toutefois l’inaccessibilité aux capitaux demeure un obstacle majeur malgré cette volonté de travailler.
Nshimirimana Daphrose, une fille-mère handicapée de Rukeco en commune Busiga de la province Ngozi, raconte avoir vécu la situation. Avec sa consœur Hashazinka Joselyne, elles avaient pensé au commerce de jus le long de la RN6, mais cela n’a pas duré longtemps suite à la concurrence. Les deux filles handicapées font état des habitants du même centre de négoce qui ont implanté des cafétérias tout près de leurs habitations.
Elles seront par la suite obligées de laisser ce petit business alors qu’elles en tiraient profit et subvenir à leurs besoins. « Nous avons également des talents », ajoute Joselyne, se targuant des objets d’art confectionnés tels les paniers, les corbeilles,… « Ce n’est ni un honneur ni une fierté de vivre toujours dans la dépendance chez les personnes handicapées et nous aimerions nous en sortir un jour », rassurent nos sources.
Ici, la contribution de tout un chacun s’avère nécessaire, surtout avoir confiance envers les handicapées en leur octroyant des microcrédits. Elles rassurent qu’elles éprouvent des difficultés quand il faut remplacer des béquilles usées dont une paire neuve coûte 80.000 de francs burundais.
Les associations de défense du droit des personnes vivant avec handicap physique s’inquiètent que le taux d’embauche des handicapés dans les services tant publics que privés reste à désirer. « Un jeune diplômé handicapé devrait jouir du droit au travail au même titre que les autres », estime un certain Bumwe David, défenseur des droits des handicapés.
« Ce sont de bons prestataires quand ils gagnent cette chance d’être recrutés », insiste ce représentant légal de l’association Tubemubandi de Rukeco. Même dans la vie courante, cet homme père de cinq enfants, qui sont tous à l’école, garantit que les personnes handicapées peuvent accroître la production à travers l’agri-élevage. A cet effet, il aimerait que les décideurs soient gentils et tiennent compte des compétences d’abord, mais aussi des peines subies par le jeune handicapé au cours de ses études et ainsi le recruter.
Toutefois, cet activiste remercie vivement le gouvernement burundais pour avoir ratifié la Convention internationale des droits des personnes handicapées, ce qui est un pas en avant pour proteger les personnes handicapées. « Nous attendons de cela des améliorations en matière de promotion de nos droits », conclut Bumwe David.