RADIO TV BUNTU

Ijwi ry'impfuvyi n'abapfakazi

Bienvenue sur la Radio TV Buntu, un médium qui diffuse des programmes qui inspirent les veuves, les veufs, les orphelins, les personnes âgées en leur montrant qu’il y a encore de l’espoir de vivre malgré les difficultés qu’ils traversent. La radio TV Buntu souscrit également à la promotion de l’autonomisation de la femme, favorise l’éducation de la jeune fille, informe et forme la population sur les thèmes d’autodéveloppement.

Fertilité des couples : une responsabilité partagée.

L’infertilité est  devenue une grande préoccupation des Burundais.  Plusieurs personnes continuent à croire que seules les femmes peuvent être stériles ou infécondes. La femme qui ne met pas au monde est stigmatisée, maltraitée voire  répudiée de son foyer et cela entraîne beaucoup de conséquences  sur la stabilité sociale et économique de bien des couples. Cependant, les gens oublient que l’infertilité affecte les hommes et les femmes de la même façon.  Pour changer cette mentalité, des initiatives de grande envergure ont été prises allant de la sensibilisation axée sur la communication de groupe à la sensibilisation  utilisant les médias  pour toucher  un grand nombre d’auditeurs en même temps.

 

Selon la tradition burundaise, avoir un enfant est le symbole de force et de réussite pour un couple de jeunes mariés.   Lorsqu’un enfant naît, c’est une grande fête dans toute la famille .Mais , lorsqu’il s’agit d’infertilité,  les gens parlent seulement d’une « femme qui a amené du malheur dans une famille naturellement chanceuse ».  Au fond du cœur, tout le monde est convaincu que c’est la femme qui est à l’origine de l’infertilité. Même si c’est l’homme qui a des problèmes, c’est toujours la femme qui en subit le coût et il suffit d’approcher deux, trois femmes  des couples infertiles pour comprendre à quel point elles traversent des moments cauchemardesques.

L’on ne se marie pas uniquement pour partager les joies et les peines de son conjoint mais surtout pour avoir des enfants. De ce fait, la procréation est considérée comme l’objectif premier du mariage, son socle. Vous demandez à un quelqu’un pourquoi veux-tu te marier, il vous répondra tout de suite : « Parce que je veux fonder une famille, avoir des enfants. » La réussite d’un homme est donc d’avoir une femme qui lui donne des enfants.

Après quelques années  de mariage sans enfants, certains conjoints éclatent et se montrent violents. La violence peut être physique (coups, gifles, bousculade, agression sexuelle, etc.), mais il peut également s’agir d’un éclat de rage particulièrement brutal, ou d’une autre forme de violence psychologique, tout aussi douloureuse pour la femme.

Des témoignages alarmants.

Arseneau et ses alliés, appréhendent la violence comme « un contrôle et une recherche de pouvoir d’une personne sur une autre, un ensemble d’attitudes, de propos, de comportements visant à dévaloriser, dominer, contrôler, apeurer, blesser psychologiquement ou physiquement une autre personne. ( Source : http://femmetoujoursauthentique.e-monsite.com )

Quant à la violence faite aux femmes, l’Organisation des Nations Unies (ONU), en 1997, la désigne comme : « tout acte de violence fondé sur l’appartenance au sexe féminin, causant ou susceptible de causer aux femmes des dommages ou des souffrances physiques, sexuelles ou psychologiques, et comprenant la menace de tels actes, la contrainte ou la privation arbitraire de liberté, que ce soit dans la vie publique ou dans la vie privée » ( Déclaration sur l’élimination de la violence de la violence contre les femmes , Résolution 48/104 de l’Assemblée générale de l’ONU). 

Rien n’est plus fascinant dans le cours de l’histoire que les moments où elle tourne.   N.A  habite en commune Nyabiraba de la province Bujumbura. Elle vient de passer 32 ans de mariage sans enfants. Elle a perdu son mari il  ya une dizaine d’années. Elle raconte. «  Quand mon mari était encore vivant, les choses semblaient bien marcher et nous avions pu consulter tous les sorciers, tous les féticheurs du pays sans issue.  Pendant cette période, ma belle-mère, mes belles sœurs me traitaient de monstre. Elles me disaient que je ne faisais que remplir la toilette. Leurs propos stigmatisaient mon statut d’être humain »

Cette victime raconte son vécu après la mort de son mari et se rappelle des épisodes indélébiles dans sa mémoire « Un jour, un voisin est venu me demander de coucher avec lui pour mériter, selon lui, la chance d’avoir un enfant. J’ai refusé et il m’a blessée psychologiquement en me disant que je venais de rater une chance  de faire au moins dix enfants avec lui. Cette situation m’a traumatisée davantage. Pour le moment, je suis victime d’une autre pression : ma belle sœur veut vendre toutes les propriétés foncières que mon mari m’a laissées sous prétexte que  je n’ai pas d’héritiers.  Je n’ai pas d’amis dans mon voisinage et pour trouver un peu de répit, je participe rarement dans les fêtes familiales pour éviter d’être dans l’humiliation totale ».

A Makamba, Sud du Burundi, la Radio TV Buntu-Ijwi ry’Impfuvyi n’Abapfakazi (La voix des veuves et des orphelins) a rencontré H. Z., une fonctionnaire  d’Etat infertile pendant 15 ans de mariage. « Je n’ai pas droit au salaire. A la fin du mois, je dois présenter sa netteté à mon mari pour ne pas tenter le risque d’être battue comme un serpent et d’être laissée aux injures de ma belle-famille qui m’accuse de la décimer  ».

Lors de notre investigation pour rédiger cet article, nous avons rencontré F.X B. à Gitega , au centre du Burundi. Ce quinquagénaire nous a confié un témoignage qui mérite une attention particulière. «  Je viens de passer dix ans de mariage sans enfants. C’est ma femme qui est responsable de cette situation », nous a-t-il révélé. Nous avons voulu savoir comment il su que la responsabilité d’infertilité est attribuée à sa femme. Il a répondu : « Non, c’est simple. Elle  travaille. Pendant les dix ans de mariage, elle quitte la maison à six heures pour retourner tard dans la soirée vers 21heures, extrêmement fatiguée. Je ne sais même pas si elle n’a pas d’amants ailleurs. J’ai été fidèle en restant chez moi pendant sa période de fécondité mais rien n’a été positif.  En fin de compte, une femme âgée m’a révélé que c’est certainement ma femme qui est infertile compte tenu de l’aspect physique de mon corps. »

En voulant savoir si l’idée de consulter le médecin pour être au courant si  la cause était la sienne, il nous a répondu : « Consulter le médecin ! Ce serait perdre du temps car ma femme le sait bien que je suis normal. C’est plutôt  elle qui ne se serait pas bien comportée pendant son jeune âge».

La majorité des interviewés à qui nous avons tendu le micro dans les provinces du Nord notamment à Kayanza, Ngozi et Muyinga, nous ont indiqué que pour la plupart de cas d’infertilité, les hommes éprouvent des difficultés à prendre en compte des conseils qui leur sont prodigués pour se tenir au courant de leur santé reproductive. La quasi-majorité est convaincue que c’est la femme qui est responsable de l’infertilité.

Tous ces témoignages prouvent à suffisance qu’il reste beaucoup à faire dans l’amélioration de l’engagement public et de la compréhension de la stigmatisation liée à l’infertilité  et la nécessite de changer sa perception sociale dans la communauté burundaise.

Sensibilisation par les médecins.

Selon les spécialistes en  gynécologie, on parle d’infertilité quand un couple vient de passer deux ans sans grossesse alors qu’il a des rapports sexuels réguliers et n’utilise aucune contraception.

Néanmoins, il est  difficile d’expliquer  à certains esprits que l’infertilité affecte les hommes au même titre que les femmes.  C. B  de la commune Kanyosha en  mairie de Bujumbura vient de passer trois ans de mariage  sans enfants.  Elle a décidé d’approcher un médecin.  Ce dernier a fait ses tests  et après analyses et interprétation des résultats pour la deuxième fois, il lui a conseillée de retourner avec son mari pour faire un spermogramme. «  Quand je lui ai rapporté les conseils du médecin, mon mari  m’a crachée sur le visage, m’a accablée d’injures et  a juré qu’il ne pourra jamais y aller tout en martelant que je suis responsable de l’infertilité de notre foyer », s’indigne-t-elle. Ce comportement vient confirmer une mentalité burundaise selon laquelle «  un homme n’est jamais infertile ». Ainsi, Certains hommes sont hostiles à la consultation en cas d’infertilité alors que dans presque 30% des cas, elle est due aux facteurs masculins et 40% aux facteurs féminins.

Selon le Professeur Bazikamwe Sylvestre ,  Gynécologue-obstétricien et Professeur à la Faculté de Médecine à l’Université du Burundi, « En cas d’infertilité, le couple doit consulter les médecins, car elle est due à beaucoup de facteurs .En l’absence du mari, il arrive que les causes ne soient pas établies et cela  rend difficile le diagnostic dans ce genre de situation» .C’était lors d’ une formation à l’endroit des journalistes tenue en date du 20 mars 2019 dans le cadre du lancement de la campagne « Plus qu’une mère » par la Fondation Buntu en partenariat avec la Fondation Merck . «  Pour se prévenir, il faut régulièrement passer des tests au niveau des deux côtés : l’homme et la femme », insiste ce spécialiste en  gynécologie-obstétrique.

Des figures emblématiques pour la sensibilisation.

Pour susciter un changement de mentalités, il faut du temps mais aussi des actions concrètes. Tous ces aspects exigent une détermination des personnes inspirées. La stigmatisation autour de l’infertilité étant un phénomène réel au Burundi, plusieurs couples infertiles vivent dans la désolation totale à cause de leur voisinage. Dans le but d’aider la population à comprendre que les couples infertiles méritent soutien et encouragement, une campagne de sensibilisation  a été initiée par la Fondation Buntu en partenariat avec la Fondation Merck , en date du 19 mars 2019 à Bujumbura, sous le thème : « Femme, tu es plus qu’une mère » ( lien de l’article complet sur l’événement :   https://www.radiotvbuntu.org/index.php/publication/sante/179-fondation-buntu-fondation-merck-plus-qu-une-mere).

MERCKVENDUE INT GOODLes observateurs avisés estiment que cette campagne avait été  très bien planifiée pour toucher les cibles grâce au pagne confectionné à cette occasion. En effet, tous les participants au lancement portaient ce pagne sur lequel était marqué : « Femme, tu es plus qu’une mère »  en quatre langues à savoir le Kirundi, le Français, l’Anglais et le Kiswahili. Dans différents endroits, des gens portent toujours ce pagne qui a la potentialité  de sensibiliser indirectement toute personne qui lit ce qui est écrit sur ce morceau d’étoffe.

La Première Dame  du Burundi Son Excellence Denise Nkurunziza continue cette campagne de sensibilisation. « Un couple infertile ne devrait pas être stigmatisé. Il devrait plutôt être soutenu et  encouragé car l’infertilité peut être traitée si on approche les médecins à temps » a indiqué Son Excellence Denise Nkurunziza en mai 2019 lors d’une séance  de sensibilisation organisée Bugarama en province de Muramvya à l’intention des cadres d’administration et des représentants des confessions religieuses œuvrant dans les provinces de Bubanza, Bujumbura, la Mairie de Bujumbura, ainsi que la province de Cibitoke.

La radio , créneau rapide et  efficace.

Au Burundi , la radio garde une place importante pour informer la population et cela date de longtemps. En 2002 par exemple, « environ 85% de la population possède un récepteur radio, et l’écoute est décidément plus aisée que la lecture pour une population peu alphabétisée et habituée à une culture d’oralité »,  d’après  PHILIPPART, M. in  « L’état des médias au Burundi », Paris, Groupe de recherche et d’échanges technologiques, octobre 2002.

Le 13 février  2019 lors la célébration de la Journée Internationale de la Radio,  Nestor Nkurunziza, chef de mission de l’ONG La Benevolencija a précisé  que la  radio a plus de 70% de l’audience.

Aujourd’hui, même si cette place semble régresser à cause de la montée en flèche de l’utilisation des réseaux sociaux, la radio reste toujours en bonne posture pour informer la population à grande en même temps.

La Radio TV Buntu,  profite de sa force de couverture nationale pour multiplier des diffusions orientées sur la sensibilisation sur la prévention de l’infertilité et la lutte contre stigmatisation liée à l’infertilité.

Des chansons dont le contenu reflète cette sensibilisation sont souvent diffusées pendant différentes tranches d’animation d’antenne.

Cet organe de presse s’est également assigné la mission de produire et diffuser régulièrement des reportages sur les femmes et certains vont jusqu’à sensibiliser les auditeurs sur la prévention de l’infertilité. Certains témoignages recueillis sont convaincants sur une possible influence de la radio visant le changement de comportement.

« Nous venions de passer 4 ans de mariage sans enfants, je maltraitais souvent ma femme à cause des pressions familiales. C’est quand j’ai suivi un témoignage d’un couple à travers une radio chrétienne émettant depuis Bujumbura que j’ai décidé d’approcher les médecins en compagnie de ma femme. Les résultats ont prouvé que c’était plutôt moi qui avais un problème. J’ai été soigné et nous avons déjà deux enfants avec un troisième qui va naître prochainement », nous révèle P.B. de la province Bubanza rencontré en mai 2019.

Non seulement la sensibilisation se fait sur base des productions en différé, les émissions interactives sont également des preuves tangibles qui prouvent que les messages parviennent aux auditeurs. Les appels téléphoniques reçus de différentes provinces du pays montrent bien que les auditeurs suivent avec attention les débats sur l’infertilité même si certains auditeurs livrent des interventions qui prouvent qu’il ya encore du travail à faire pour convaincre les esprits compte tenu de leurs convictions ancestrales.

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